• Un hôtel d’Ancien   Régime
• La résidence du   président de la   République
• La Ve République à   l’étroit
• La valeur de l’ancien

12 décembre 2008 :
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anniversaire de l’Élysée présidentiel
Le rituel bien réglé de l’investiture
L’exercice difficile du portrait officiel
Les slogans électoraux : nouvelle tendance
L’utopie de la VIe République :
-- entre fantasmes et nostalgies

Faisons de l’Élysée
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un « musée de la République »
Le véhicule présidentiel :
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« si t’as pas la marque… »

 

L’Élysée désuet

Si la présidence de la République a toujours eu son siège au palais de l’Élysée, le palais de l’Élysée, lui, n’a pas toujours abrité la présidence de la République. Et il n’a d’ailleurs pas été conçu selon ce projet. La chronologie en atteste puisqu’il fut bâti au début du XVIIIe siècle, par un noble de l’Ancien Régime, et il n’est pas nécessaire de rappeler que l’idée d’une présidence républicaine était une notion bien étrangère aux contemporains de Louis XV.

Du reste, elle n’apparut pas non plus à la faveur de la Révolution puisque c’est seulement en 1848 que la Deuxième République créa un « président » et l’installa à l’Élysée. Outre les périodes du Second Empire et du régime de Vichy — lesquelles ne peuvent être considérées comme de simples parenthèses —, le régime républicain resta fidèle à ce palais sans remettre en cause sa destination désormais acquise de première demeure de France.

Pourtant, la nature juridique — plus « présidentialiste » — de la nouvelle Constitution entrée en vigueur en 1958 et la personnalité bien particulière de son instigateur, le général de Gaulle, arrivé au pouvoir à ce même moment, aboutirent à une conjugaison propre à provoquer une première vraie remise en question de l’adéquation et même de la légitimité du siège élyséen pour la présidence. Repris plus tard par François Mitterrand, ce questionnement ne trouva pas plus de réponse, sans doute en vertu du bon vieux principe que, si l’on ne trouve pas de solution à un problème posé, c’est sûrement… qu’il est mal posé.

Mais les faits sont là : nous venons d’entrer dans le troisième millénaire et notre pouvoir politique persiste à vouloir siéger dans un palais aux allures de musée bientôt vieux de trois siècles, en parfait décalage avec les mentalités, aspirations et besoins de notre temps. Cet entêtement dans l’anachronisme ne va pas sans conséquences puisque, d’une part, l’image et la crédibilité du chef de l’État en pâtissent, contribuant inconsciemment à alimenter dans l’opinion la très actuelle « crise de la représentation » et, d’autre part, les volumes du vieux palais ne sont absolument pas fonctionnels pour l’usage de bureaux à quoi on veut les affecter, pour le plus grand inconfort du locataire principal comme de ses équipes.

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